« SUR UN AIR de FAMILLE »
– Ressemblances, dissemblances, vraisemblances –
Dans la continuité de son travail sur l’adoption comme révélateur d’interrogations de fond sur la filiation et sur la transmission, Lilit, après s’être penché sur la question de l’origine, aborde pour son second colloque le thème de la ressemblance.
La ressemblance oblige d’emblée à s’interroger sur ce qui fait famille.
Doit-on se ressembler pour avoir un lien de filiation ou pour s’aimer ? Inversement s’aime-t-on moins lorsque l’on se ressemble peu, voire lorsque la dissemblance semble criante? Qu’implique une interruption dans la lignée des ressemblances et sur quels critères s’appuie-t-on pour identifier qu’il y a eu rupture ?
Plus que jamais, biologie et généalogie prétendent nous apporter des réponse stables à ces questions, mais ce « jeu » des ressemblances ne masque-t-il pas des inquiétudes contemporaines plus profondes sur la transmission et sur ce qui sédimente toute construction identitaire.
De la ressemblance génétique aux mimiques et expressions acquises, ce souci de classification des individus a toujours répondu au besoin de se rassurer sur la permanence de l’ordre des choses. La généalogie parfaite gardienne de mémoire, n’est-elle pas la voie la plus sûre vers l’immortalité. Pourtant à quoi bon transmettre si in fine il ne s’agit que de reproduire du même ?
Pourquoi la question de la ressemblance renvoie-t-elle systématiquement à celle de l’origine ? Par le biais des différences et de leur visibilité, l’adoption en particulier dans sa dimension internationale, permet de nous interroger sur notre perception de l’altérité et sur la manière dont cette dernière se construit.
Aborder la ressemblance a aussi pour mérite de faire débat sur le statut du corps dans son rapport à la norme, que cette dernière soit sociale, politique, raciale, sexuelle ou religieuse, recoupant en particulier les questions sur le « genre » et l’homoparentalité ainsi que sur la signification des signes distinctifs ou d’appartenance.
Quelle image entretenons-nous avec notre corps ? A qui, ou à quoi voulons-nous ressembler et selon quels critères ? Que voulons-nous transmettre de nous-mêmes ? Quelles en sont les limites ?
Les nouvelles techniques médicales nous entrainent vers un questionnement juridique, éthique et philosophique renouvelé, en particulier dans le domaine des procréations médicalement assistées.
Ainsi la ressemblance oblige à questionner notre rapport à l’altérité, et peut-être l’adoption nous offre-t-elle la possibilité de faire émerger des réponses inédites et d’explorer de nouvelles voies ?
Ce sont ces questions qui seront abordées par les participants (philosophes, scientifiques, juristes, sociologues, anthropologues, psychanalystes etc.) au second colloque organisé par l’association LILIT le 17 juin 2013, afin d’ouvrir un débat pluridisciplinaire et dégager de grandes lignes de réflexion pour questionner « l’objet adoption » et tenter de le penser différemment.